Premiers chapitres de Lionheart

titre lionheart maeva catalano

PROLOGUE

Angel Cœur de Lion

Je n’entends plus rien. Est-ce à cause du tambourinement à mes tempes qui me fracasse les oreilles ou un de ses choix ? J’avance à tâtons, n’osant me retourner. À quoi cela servirait-il de toute manière ? Je suis aveugle, faible humaine, qui se taillade les mains en avançant à quatre pattes. Je grimace alors que les bouts de verres s’incrustent sous ma peau. Quitte à me voler mes sens, n’aurait-il pas pu m’ôter également la douleur ? Ma vision revient peu à peu, toujours floue. Je décide de ne pas prêter attention à la couleur rouge qui borde mes mains et essuie mes yeux d’un revers de manche ensanglantée. Voilà, les larmes ne me brouillent plus la vue. J’aurais voulu perdre aussi l’odorat pour ne plus sentir cette fragrance douceâtre et écœurante qui caractérise le sang, celle âpre de la sueur et de la peur.
L’ouïe refait surface dans un fracas assourdissant, me brisant les tympans. Je plaque mes mains sur mon crâne, mes pleurs affluant de nouveau. Je prie pour que ces cris de douleur soient ceux de son adversaire, et au moment où je rassemble mon courage pour vérifier ; l’écran noir reprend possession de mes yeux. Arrête ! ai-je envie de crier ! Je t’en supplie arrête ! Mais il n’entend pas plus que je ne vois. J’aimerais crier pour alerter quelqu’un, mais ma voix est éteinte.
Il ne me prive pas de mes sens délibérément, il subit, ses pouvoirs s’échappant peu à peu pour réduire mes minces capacités.

J’entends un craquement écœurant suivi d’un cri monstrueux qui me porte le cœur aux lèvres.
Ce n’est rien, il a simplement atterri sur une table, je me persuade. Continue jusqu’à la sortie. Fais-le pour lui.
Je reprends ma marche parmi les bouts de verre, mes larmes diluant le sang sur mon visage et traçant des sillons blancs sur mes joues humides et poisseuses.

***

Nael Luckin
Qu’il me tue, pourvu qu’il l’épargne.

Chapitre 1

 

Je fais la rencontre d’un odieux – mais beau – personnage

 

Angel Cœur de Lion

 

Deux ans. Deux ans que je n’ai pas mis les pieds ici. Buckland n’a pas vraiment changé. Est-ce que les petites villes du sud-est de l’Angleterre changent vraiment, après tout ? J’ai passé deux années à Londres avant de retrouver la tranquillité et le calme de Buckland le long de la Manche. Finies les balades mouvementées en bus londonien pour le travail de mon père, enfin retrouvés les trajets à pied pour aller en cours… que de joie si vous voulez mon avis ! Je referme la boîte aux lettres. On a beau la vider tous les jours, elle est remplie au petit matin. Je soupçonne les voisins de fourrer notre boîte aux lettres avec les publicités dont ils ne veulent pas. Ça n’a pas vraiment d’importance, nous ne resterons pas longtemps. La maison est vieille et elle sera bientôt rachetée pour devenir un charmant parking. Je feuillette les enveloppes mais elles sont toutes adressées à Ava et Dan Cœur de Lion, mes parents. Notre nom de famille est particulier et détient plus des sonorités françaises qu’anglophones. Je me rappelle avoir nargué plus d’une fois des pestes à couettes au primaire, pourtant je n’ai jamais mis un pied en France.
— Tiens papa, je lance à mon père en lâchant les lettres sur la table.
Il pose son journal et son café sur la table et ses yeux émeraude dont j’ai hérité lorgnent sur les maudites missives.
— Encore ! grogne-t-il.
Ses mains passent d’un geste vif dans ses cheveux bruns puis glissent sous son menton après avoir effleuré ses quelques rides.
— Va t’habiller si tu ne veux pas être en retard ! me rappelle-t-il à l’ordre.
Je monte les escaliers quatre à quatre et tombe sur la porte de la salle de bains, close.
— Liam ! Sors de la salle de bains ! je m’exclame.
— Mais je m’amuse ! insiste mon démon de frère.
Liam est un vrai petit monstre. Bien sûr il est mignon avec ses joues toutes rondes d’enfant de cinq ans, mais… enfin toutes les personnes étant l’aîné dans leur famille me comprennent largement.
— Liam, sors maintenant !
— Non ! Tu vas le dire à maman ! crie mon frérot adoré… (Seulement par mes parents)
— Dire quoi trésor ?
— Que j’ai cassé ta poupée ! pleurniche-t-il.
Une poupée, il pleure pour une poupée ? De toute façon je n’en ai pas touché depuis… longtemps. Et puis… elles finiront bientôt dans le béton coulé du futur parking. Mais en réfléchissant bien, j’ai déjà légué toutes mes précieuses Barbie à la petite voisine il y a plus de deux ans. Il n’y en a qu’une qu’il a pu…
— Où tu as pris la poupée, Liam ? je m’enquis, en parlant un peu plus fort pour aller chercher mes affaires dans ma chambre : ce mioche va bientôt sortir si je sais de quelle poupée il parle.
— Celle sur la commode de maman ! braille-t-il entre deux sanglots.
Je ne sais pas pourquoi, mais je l’imagine en train de pleurer à grosses gouttes tout en noyant la salle de bains. De toute façon ce n’est pas une de mes poupées : juste le superbe poupon hors de prix qu’a offert la défunte tante Lalie à maman quelques mois avant sa mort. Rien de grave en somme… Enfin pour moi.
— C’est pas grave chéri, elle ne sera pas en colère, il suffit juste que tu lui dises la vérité.
La porte s’entrouvre : victoire !
— Elle est où ? sanglote mon frérot.
— Dans l’atelier.
— Dans celui où elle fait plein de dessins ?
Ah par ce qu’il y en a d’autre, petit morveux ?
Il part au fond du couloir et entre sans toquer. Je me rue dans la salle de bains au cas où il reviendrait à la charge.
Pendant que je démêle mes cheveux, je repense au lycée. En toute honnêteté, j’ai peur. Je ne suis jamais allée dans un lycée mixte. J’ai déjà côtoyé des garçons, ce n’est pas le problème. Mais les êtres surnaturels, c’est une autre histoire…
Voilà plusieurs dizaines d’années qu’ils se sont dévoilés aux yeux du monde. Étrangement, du point de vue de mon père, ils se sont intégrés à la société.
C’est vrai qu’avec mon nom, Angel, on n’aurait pu se douter que j’allais être confrontée à des vampires et leurs amis. Surtout si on prend en compte la série qui porte mon prénom si particulier et qui traite du même thème que ma vie : les créatures magiques. J’ai longtemps rêvé d’avoir des pouvoirs. Quand j’étais petite et que mon père avait le dos tourné, je jouais à la sirène dans la piscine de l’école. Malheureusement, je ne suis qu’humaine. Une Nolie, comme disent certains.
Mon paternel, qui éprouve une certaine répulsion pour la plupart des créatures surnaturelles, m’a toujours protégé d’eux. Ma mère a décidé que c’en était trop. Je fais donc enfin ma rentrée dans un lycée public, et j’ai hâte. L’uniforme n’est pas vraiment à mon goût mais j’imagine que je m’y ferai…
Je crois que mon père a surtout peur que je m’approche des vampires. J’essaye de me rassurer en me disant qu’il n’y a pas de raison que ces immortels me trouvent à leur goût. Le don du sang, c’est aussi fait pour ça. C’est marrant comme le nombre de donneurs a largement augmenté avec la révélation au monde entier des buveurs de sang.
J’inspecte ma queue de cheval et soupire. Ça fera l’affaire. J’enfile mon uniforme et retiens une grimace. J’ai dû pas mal grandir cet été parce que la jupe me semble un peu plus courte que la réglementation. Mon père va sûrement faire une syncope. Je retrousse les manches de mon ensemble tristounet et observe le logo de l’établissement sur ma poitrine. Je chausse mes converses bleu nuit avant d’enfouir dans mon sac de quoi me changer « au cas où ». Une tache est si vite arrivée, n’est-ce pas.
Je sors de la salle de bains en trombe pour aller chercher dans ma chambre les quelques affaires qui me reste à prendre avant de lancer sur mon dos – pauvre dos – mon sac de cours.
Je déboule dans les escaliers, laissant mon petit frère en pleurs derrière moi. Je savais parfaitement que ma mère allait être en colère. Mais j’ai poussé Liam à dire la vérité, non ? Ce n’est pas ça le plus important ? Ouais. Je ne suis qu’une sœur indigne.
Je m’apprête à refermer la porte quand une voix m’interrompt :
— Où tu vas jeune fille ?
Coincée. Je vais avoir un long discours sur ma jupe et être en retard. Maman qui semble toujours prête à m’aider doit encore être dans l’atelier à essayer de calmer mon frère après l’avoir bien disputé. Je ne peux donc obtenir aucune aide venant d’elle face à mon père.
— En cours, je lâche, surprise que mon paternel n’ait pas encore relevé le nez de son journal.
— À propos de ton école, j’ai reçu une lettre et…
— Papa, je n’ai pas le temps !
— Oui c’est bon j’y viens, mais tu as oublié de….
— Ranger ma chambre, je sais ! je fais en claquant la porte.
Je cours comme à mon habitude, avec les manières d’une dératée tandis que quelques gouttes de pluie commencent à tomber. J’attrape à la va-vite dans mon sac la première chose qui me passe sous la main, c’est-à-dire mon cahier de maths – quel heureux hasard ! – avant de reprendre ma course.
J’arrive quelques minutes plus tard, soulagée de ne pas être en retard. Ce soulagement ne dure qu’une seconde. Je sens derrière moi des regards pesants. Je réalise maintenant que personne ne porte d’uniforme.
Super. Le premier jour doit être un non uniform day, où chacun porte ce qu’il veut. J’imagine que c’est ce que voulait me dire mon père tout à l’heure.
Bravo Angel, tu t’es déjà bien affichée devant tout ce beau monde. Pendant que certains chuchotent sur mon passage, je me rue vers la porte des toilettes et avec un soupir, me précipite vers une cabine libre. Je me félicite d’avoir pensé à apporter des vêtements en plus. Pendant que j’empoigne mon jean, je fais attention à ne pas effleurer la cuvette d’une propreté douteuse. Je laisse mon blazer de côté et enlève les deux premiers boutons de mon chemisier qui me serrent la gorge.
Je sors enfin des toilettes pour me retrouver dans le couloir et détache ma queue de cheval. Mes cheveux roux retombent sur mes épaules. J’aperçois une vieille connaissance et mon estomac se noue entre joie et appréhension.
Meryl Neber et ses cheveux aux reflets noirs n’ont pas changé. Son entourage, oui. Des filles aux allures de poupées froufroutantes jacassent avec elle comme des pies. Je me rapproche néanmoins d’elle, espérant que quelqu’un m’aiguille pour mon premier jour.
— Meryl ?
— Angel ! s’exclame-t-elle d’une voix haut perchée que je ne lui connais pas.
La vraie Meryl aime le foot, la boue et le cinéma. Ce clone semble préférer le rouge à lèvres et le fard à paupière. Ce n’est pas une mauvaise chose du tout. C’est juste bizarre. Quand on déménage, on garde en tête l’image d’anciens amis. Ils sont comme imprimés sur un papier photo et ne bougent jamais. C’est toujours étrange de les revoir après quelques années.
On échange quelques civilités et je tente finalement de m’esquiver, mal à l’aise.
— OK, on se voit plus tard, hein ? propose-t-elle.
Elle ne le pense pas réellement, j’imagine.
Je n’ai pas le temps de répondre que son attention se reporte sur quelque chose d’autre. Quelqu’un d’autre.
Toute la bande se tourne sur son passage. Je peux lire dans les yeux de ces filles toutes les envies qui naissent dès qu’une d’elles croise le regard du jeune homme.
Je suis la direction de leur désir et ma vision atterrit sur les pas d’un garçon, accompagné par deux de ses amis.
Trop tard.
J’ai tourné la tête trop tard pour apercevoir le visage du vampire. Ça ne peut qu’être un vampire pour déclencher l’extase de toutes ces Barbie à mes côtés. Je me mords la lèvre en m’éloignant à pas furtifs.

 

***

 

La première heure me semble passer bien vite au début. Je songe à mon père en train de donner ses cours d’arts à la galerie et à ma mère peignant ses toiles. Mon frère est certainement en train de s’entraîner à créer une œuvre avec ses doigts entre deux tentatives pour réviser l’alphabet.
Quelqu’un vient interrompre mes rêveries : monsieur Cooper, notre professeur principal, qui nous enseignera l’espagnol. Je ne comprends pas de suite qu’il m’invite à me présenter devant la classe. J’attends le feu vert du professeur pour commencer. Il semble vouloir procéder étape par étape…
— Ton nom, ton prénom et ton âge s’il te plaît.
J’attends que les rires et les chuchotements dus au sérieux de monsieur Cooper s’affaiblissent.
— Euh… bonjour. Je m’appelle Angel Cœur de Lion et j’ai seize ans.
Je pense soudainement aux vampires, aux elfes et aux sirènes qui doivent déjà avoir plus d’une centaine d’années. J’ai fait mes devoirs avant de venir et j’ai dévoré beaucoup de guides. Je n’en reste pas moins une débutante en la matière.
J’aperçois les oreilles de notre professeur lorsqu’il me demande de continuer ma présentation et qu’il invite d’autres nouveaux à faire de même. Elles sont légèrement pointues, j’en conclus donc que c’est un fae, ou du moins un elfe. D’après mes recherches, ces personnes possèdent une apparence jeune et humaine quoique svelte et d’une grande beauté.
— Des questions ? demande notre enseignant à la classe.
Des mains se lèvent, ce qui suscite ma surprise.
— Bien, Jesse ?
Un jeune homme, à la peau légèrement hâlée et aux yeux clairs, baisse lentement sa main avant d’ouvrir la bouche :
— Tu viens vraiment des cieux, mon ange ? sourit le garçon aux cheveux châtain clair.
Je ne me crispe pas malgré l’allusion, très lourde, à mon prénom.
— Pas vraiment non, désolée, je réponds au garçon aux prunelles menthe à l’eau.
Il fait mine de râler, ce qui en fait sourire plus d’un. Je suis tombée sur le pitre de la classe, on dirait.
— Dommage, mes parents refusent que je sorte avec des humaines !
Le jeune homme, content de sa boutade, frappe les mains de ses amis, successivement, avec la sienne.
— Je vois. Monsieur Male, je vous prie de nous épargner vos conditions amoureuses, la prochaine fois. Si c’est tout, veuillez tous regagner vos places, s’il vous plaît.
Alors que je retourne à ma chaise, des signes de contrariété se font entendre.
— D’accord, alors est-ce qu’au moins une des questions ne concerne pas l’éventuel célibat de mademoiselle ?
Quelques mains de garçons se reposent d’un même geste sur les bureaux. Je m’empourpre alors que les autres nouveaux élèves répondent à d’autres questions.
Il est enfin temps de prendre une pause. Quelques minutes précieuses où je peux me reposer sur un banc. Trop heureuse que Jesse, – c’est bien Jesse son nom ? – m’épargne sa compagnie ; je mets mes écouteurs sur mes oreilles, et me coupe du monde extérieur. Je baisse le son, limitant la mélodie à combler le silence.
Le monde semble si différent. Les gens aussi, j’imagine. J’observe toutes ces personnes dans cette grande cour, me donnant presque l’impression qu’on m’offre un spectacle. Certains se retrouvent après deux mois d’absence, se serrant mutuellement dans leurs bras. D’autres, les retrouvailles passées, entament un match de football. Certains vampires agiles et rapides ne me laissent même pas le temps de contempler leurs mouvements, que plusieurs points sont gagnés pour leur équipe.
Je suis plutôt habituée à regarder les gamins patauds et sans grâce s’amuser dans la cour du collège. Voilà qui va me changer. Je tourne la tête pour contempler des loups se chamailler.
C’est la première fois que j’aperçois des lycanthropes. Les souvenirs des films d’action fantastiques mettant en scène des loups-garous me reviennent tout de suite en tête. Les images de loups, sur deux pattes, affublés de fourrures tels des sapins sans épines ne leur rendent vraiment pas justice.
Les crocs scintillants et les pupilles brillantes s’accordent parfaitement avec leurs pelages soyeux. Une incroyable puissance émane de leurs muscles.
Leurs quatre pattes imposantes posées sur le sol me font réfléchir : je ne veux vraiment pas être celle qui recevra une des paluches de ces charmants animaux dans la tête. Je suis certaine que je ne m’en relèverais pas.
Je veux continuer ma contemplation, mais trois ombres me cachent les fruits de ma curiosité. Je maudis Meryl et ses Barbies. J’aimerais qu’un des lycanthropes surgisse et les balaye comme des quilles. Je stoppe à regret mon arrière son, digne d’une musique d’ascenseur.
— Meryl ! je m’extasie faussement.
— Tu sais, ce n’est pas très sympa de nous avoir plantées après les salutations de Nael. C’est sûr que ce n’est pas tous les jours qu’un vampire dit bonjour à des humaines, mais en nous regardant…
Je n’entends pas la suite. Trop obnubilée par le nom prononcé.
Nael ?
Le vampire inconnu se nomme donc Nael ? J’avais vu juste.
Je ne me félicite pas d’apporter autant d’importance à un garçon que je n’ai même pas encore vu. Il avait tout de même une silhouette très captivante… Je remets le son de mes écouteurs, me permettant de ne plus entendre la voix de Meryl. Je regrette d’être allée la chercher ce matin.
La sonnerie retentit et je la laisse une nouvelle fois sans un mot.

 

***

 

Les couloirs sont blindés. Je me baisse pour éviter les fées en furie, plus sympathiques dans mes livres de contes. Je me faufile entre les armoires à glace, les lutins et autres personnes d’à peu près ma taille.
Je n’ai pas encore mémorisé mon emploi du temps et je me perds. Je heurte quelque chose de dur et tendre à la fois qui refroidit en un instant la température de mon corps. Je vacille à terre en même temps que mes bouquins, m’étalant sur le sol.
Je me relève, ramassant presque tous mes bouquins, m’apprêtant à recueillir le dernier quand une pointe de chaussure se pose sur celui-ci. Je redresse la tête prête à toiser celui qui ose salir mes livres dès le premier jour. Ma colère s’envole quand j’aperçois son visage d’Apollon. La raison me vient.
Dur. Son torse.
Tendre. Sa peau fraîche.
J’aurais pu couper ses traits au couteau, tellement ils sont fins. Son teint tranche avec ses yeux gris-bleu. Quand mon regard croise le sien, je me revois quelques instants plus tôt par terre. Un seul détail change dans ma vision.
C’est lui qui me relève en me prenant par la main au lieu de me laisser me remettre debout en sautant d’un coup. Mon hallucination cesse, me transportant dans la dure réalité.
Je sais parfaitement à présent ce que ressentent les Barbies. Il reste à la même place, ses yeux de glace me fixant toujours. Ses mèches blondes retombent en cascade sur ses yeux. Je me fais violence pour détacher mon regard de son visage et observer ses compagnons.
Sur sa droite se tient un elfe, impassible. Lui non plus n’échappe pas à la beauté de ses origines. Je me souviens avoir regardé plusieurs fois Le seigneur des anneaux pour admirer Legolas joué par Orlando Bloom.

L’être magnifique aux côtés de l’Apollon n’a rien à envier à mon coup de cœur de petite fille. Ses traits sont éclairés par des yeux émeraude, tandis que ses oreilles en pointes sont mises en valeur par sa coupe mi-longue avec des boucles noires. Je lui envie sa silhouette svelte et élancée.
Sur la gauche du vampire se trouve une jeune fille, son apparence ne me renseignant en aucun cas sur ses pouvoirs ou ses capacités. Un carré blond pâle encadre son visage d’ange, soutenu d’une frange avec un bandeau mauve où retombent quelques mèches. La couleur de ses yeux hésite entre le parme et le violet pur.
J’ai beau les détailler de la tête aux pieds, cela ne dure qu’une seconde, comme si mon esprit était incapable de se détacher du visage de mon interlocuteur. Sitôt mon regard reposé sur lui, le vampire ôte son pied de mon bouquin avant de lui donner un coup avec la pointe de sa chaussure. Mon cahier semble rejoindre le plafond avant d’arriver à plat entre ses doigts.
Il me le tend, un sourire en coin.
Mon cœur fait un raté quand j’entends sa voix :
— Tu ne peux pas regarder où tu marches ?

 

La suite dans le premier tome de Angelheart, Lionheart