Bonjour ! Je te resouhaite la bienvenue pour ce second numéro de Toss A Coin To Your Writer ! Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Blandine P Martin, autrice de romance en auto-édition. Blandine est une personne que j’admire beaucoup et je la vois un peu comme Supergirl. C’est quelqu’un d’extraordinaire et de très méticuleux. Quand on la voit faire, tout paraît facile. On a été un peu moins pipelettes qu’au premier épisode, mais ce numéro reste très informatif et formateur ! Bonne écoute !

Pour des besoins de praticité, tu as sous les yeux une transcription résumée et plus succincte de notre échange. Pour les blagues et les petites anecdotes avec Blandine P Martin, c’est sur le podcast qu’il faut se rendre !

La lecture selon Blandine P Martin :

 

 

Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Merci de m’avoir invitée, c’est mon premier podcast et c’est un honneur ! Je suis Blandine P Martin j’écris depuis 2015, de la romance contemporaine que fantastique. J’ai été édité en Maisons d’Édition, mais j’ai fait le choix de devenir auteure indépendante. Je suis aussi grande dévoreuse de livres.

Tu dis que tu es passée de l’édition traditionnelle à l’auto-édition, comment s’est passé ce changement et la récupération de tes droits d’auteur ?

J’ai commencé par l’édition traditionnelle, car je n’y connaissais rien et à l’époque on ne parlait pas trop de l’auto-édition. J’ai déchanté, car ce n’était pas ce que je cherchais. Je n’avais pas la main sur les couvertures, la communication, etc. Je me sentais coincée dans ce système-là. J’ai ensuite entendu parler de l’auto-édition où on pouvait tout contrôler de A à Z. Je me suis vraiment reconnue dans cette perception de l’écriture. Je me suis renseignée et j’ai tenté le coup avec un premier roman. C’était hasardeux, je ne savais pas à quoi m’attendre et j’ai appris sur le tas. On ne devient pas « éditeur » du jour au lendemain, mais je cherchais cette liberté de travail.

Quand as-tu eu le déclic d’arrêter ta précédente occupation professionnelle et de te lancer complètement dans l’aventure de l’auto-édition ?

Franchement, quand j’écrivais je ne pensais pas pouvoir en vivre un jour. J’avais cette pensée limitante, qu’ont beaucoup de gens, et je me disais que c’était impossible. J’avais besoin d’écrire, je l’ai fait pendant mes pauses déjeuner. J’étais secrétaire. Au fur et à mesure j’ai eu plus de revenus, mais j’ai quand même gardé mon travail à plein temps pendant 2 ans. Mes revenus d’auteur auraient pu me suffire, mais j’avais peur de ce saut dans le vide, j’avais peur que tout s’arrête. On a tous des frais, etc. Après deux ans j’ai dû faire un choix, car c’était trop chronophage. J’avais besoin de voler de mes propres ailes.

Tu écris de la romance principalement, est-ce que c’est le seul genre que tu lis ?

Je me tourne de plus en plus vers le développement personnel, on est vite happé par ce genre-là quand on met le doigt dedans. Ça nous apporte beaucoup en tant que personne. La fiction a réduit dans ma PAL (Pile à lire.) Je lis deux livres de développement personnel pour un livre de fiction. En ce qui concerne la fiction justement, c’est surtout de la romance. S’il n’y a pas d’histoire d’amour, je n’y arrive pas.

As-tu un roman préféré ou un auteur favori ?

C’est Sophie Jomain. Je n’ai pas besoin de lire le résumé ou de regarder la couverture de ses nouveaux livres, je sais que je vais aimer. Sa plume et ses romans prennent aux tripes, ce sont des émotions qui touchent tout le monde. Je n’ai jamais lu un roman de Sophie que je n’ai pas aimé.

[Interlude du jeu de l’interview Inception à retrouver sur l’audio. Blandine P Martin a d’ailleurs battu le record avec 16 réponses ! Bravo !]

 

 

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Les secrets d’écriture de Blandine : 

 

Pourquoi avoir choisir ton nom de plume « Blandine P. Martin » ? Pourquoi le P. avant ton nom de famille ?

J’ai voulu garder mon prénom pour pouvoir me reconnaître ! Martin, c’est le nom de mon grand-père et le nom de jeune fille de ma maman. Le P. c’est la première lettre de mon nom d’épouse, pour que mon mari ne soit pas complètement éclipsé !

Tu parles souvent d’univers qui te passionnent sur les réseaux sociaux, comme la série Sons of Anarchy. Est-ce que tu as d’autres muses qui t’inspirant au quotidien ?

Il y en a trop, je bouffe des séries par dizaine et j’ai trop de coffrets DVD à la maison. Je suis une grosse accro de séries et de musique, je ne peux pas travailler sans musique. Les films et les séries, c’est comme les romans, ça nourrit l’imaginaire et ça permet de sortir de nouvelles idées. Je ne pourrais même pas les lister tellement il y en a !

Beaucoup te connaissent grâce à ta saga Wild Crow, est-ce que tu pourrais nous raconter l’importance de cette série sur ta vie et sur ta carrière ?

J’avais écrit pas mal de romans avant, mais cette saga a été un déclic chez mes lecteurs. Quand je pose la question à mon lectorat, même deux ans après la fin de la série, 90 % m’ont connu grâce à cette saga. Il y a eu un avant et un après. Du côté de ma vie personnelle, j’ai complètement vécu avec ce groupe fictif pendant deux ans et demi. On mange, respire, vit avec eux comme si on faisait partie de leur clan. Cette saga aura toujours une place très importante dans mon cœur.

Les États-Unis ont une place très importante dans tes romans. Est-ce que tu t’inspires de tes voyages pour tes écrits ? Comment choisis-tu le pays ou la ville dans le/laquelle va se passer l’action ?

Je suis une dingue de voyage, même si malheureusement on ne peut pas trop voyager en ce moment. J’ai adoré les États-Unis, j’y suis allée plusieurs fois. J’ai adoré San Francisco et j’aimerais y retourner, on le retrouve dans mes romans. Je ne suis pas encore allée à New York [ou se déroule sa saga Irish Renegades], mais j’aimerais beaucoup. J’aime changer d’endroit à chacun de mes romans et partager un bout de mes voyages, les revivre d’une certaine manière. Cupidon malgré moi se passe en Thaïlande, j’en ai d’autres en Écosse, en Angleterre… je peux être assez nostalgique.

Est-ce que tu as une routine d’écriture particulière ?

Pas vraiment, par contre j’ai besoin de musique. C’est impossible pour moi d’écrire sans musique. Il me faut aussi une plage horaire assez étendue. Je n’aime pas être interrompue ou avoir quelque chose à faire plus tard, ça me coupe l’inspiration avec le stress. Beaucoup d’auteurs écrivent le matin pour être efficaces, mais je fais plutôt l’inverse. J’ai besoin de me vider la tête et de me sentir sereine. Toutes les tâches administratives ou autre qui prennent la tête passent le matin et il reste la récompense l’après-midi !

Tu as écrit des séries, mais également des one-shot (tomes uniques) : est-ce que tu préfères l’un ou l’autre et comment leur organisation et publication est différente ?

Je n’ai pas de préférence. Le plaisir est d’alterner comme d’un style à un autre, c’est récréatif. Quand on passe deux ans (sur une série) avec les mêmes personnages, on a parfois envie de couper. Les one-shots peuvent aider. Ce n’est pas le même ressenti pour l’auteur non plus (ni pour le lecteur.) Un tome unique va plus rester en surface alors qu’une série va plus en profondeur dans le passé, les liens des personnages… Ce sont deux approches totalement différentes. En termes de publication, j’écris tome après tome. J’écris, publie, écris, publie… presque en temps réel.

Dans l’édition traditionnelle, on a souvent un tome par an pour les séries, mais tu publies assez rapidement les suites et « à la chaîne ». Pourquoi ce choix ?

J’ai des difficultés à passer d’une histoire à l’autre. Je dois aller au bout d’un univers avant de passer à un autre pour que ça ne soit pas dénaturé. Je fais des fins à cliffhanger. Je ne peux pas faire ça aux lecteurs et leur demander d’attendre !

Par rapport à ton rythme d’écriture, tu publies un roman environ tous les 3 ou 4 mois. Comment expliques-tu cette rapidité et cette productivité ?

On voit la partie émergée de l’iceberg. On se dit « elle sort un bouquin tous les 3 mois, c’est rapide », mais cela ne veut pas dire que je l’écris en trois mois. J’ai mes idées environ 1 an à l’avance ce qui veut dire que sept, huit ou neuf mois avant l’écriture je développe le roman sur mes petits blocs-notes. Je creuse le personnage, je fais le plan, les scènes, l’articulation du roman et ce pendant des mois. Quand je commence à écrire, je sais parfaitement où je vais. Je ne suis pas à l’abri de surprise ou de personnages qui prennent le dessus, je ne suis pas « arrêtée » sur mon plan, mais le plus gros est déjà fait. J’ai les grandes lignes et je connais les personnages comme des membres de ma famille. Je n’ai pas l’hésitation de quelqu’un qui commence à écrire le premier jour de sa réflexion. Cette année j’ai beaucoup de publications, mais je vais lever le pied l’année prochaine !

Qu’est-ce que tu pourrais nous dire de tes futurs projets cette année ?

Le tome 3 des Irish Renages et le tome 4. J’ai prévu de ré-éditer Wendat en version illustrée et reliée avec l’illustratrice qui avait travaillé sur les étoiles de Noss Head [Marie-Laure Barbey]. Son crayon est magnifique. J’aimerais pour décembre, mais on verra ! Ensuite un quatre-mains avec Thaïs L, une romance contemporaine qui se passera au Canada. J’aimerais rééditer la saga Eden, une romance dystopique que j’ai récupérée chez Milady. Mais ça va être un gros travail de réécriture.

Justement, comment tu travailles tes réécritures ? Tu l’avais déjà fait pour les passeurs de lumière et Cupidon malgré moi.

C’est une tâche très difficile, car on évolue pas mal au fur et à mesure des romans et des années en fonction de notre style et de nos goûts. Notre écriture n’est plus du tout la même, je passais mon temps à me tirer les cheveux et à me dire « c’est pas possible, j’ai pas écrit ça ! ». Je pensais que ça irait vite, mais c’était laborieux et pénible. J’ai fait appel à des Alpha-lectrices, car je n’arrivais pas à avoir assez de recul sur ma propre écriture. Je relis tout, je remodifie tout, je laisse l’histoire et encore, je peux changer certaines choses. Si je ne tenais pas à ces romans-là, je ne l’aurais pas fait, mais j’y suis attachée. Les Passeurs de lumière était mon premier roman et Eden c’est la première fois que je me lançais dans de la dystopie. C’était une saga apocalyptique avec de la romance. Ça me manque un peu.

Pour revenir sur le voyage, est-ce qu’un jour tu vas écrire sur la France ou c’est pas du tout prévu ?

Je l’ai fait avec Quelque chose de Bleu, sur la côte basque. Je ne voulais pas laisser notre pays de côté ! Je participe aussi à un recueil de l’association La plume pour vous. C’est une association pour des chiens guides d’aveugle. J’ai écrit sur le thème du handicap avec la romance et ça se passe en France.

 

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Les conseils pour se lancer de Blandine P Martin :

 

Qu’est-ce que tu pourrais conseiller aux personnes qui voudraient se lancer dans l’écriture et/ou l’auto-édition ?

Il faut se lancer ! Même si on vous répète autour de vous que c’est impossible, que vous ne serez pas publié ou que vous ne pourrez pas écrire un roman. C’est faux. Ça ne fait qu’alourdir toutes les pensées limitantes que vous entendez depuis que vous êtes petit. Vous pouvez le faire, si vous vous donnez les moyens d’y arriver. Vous pouvez écrire un roman et vous pouvez le faire publier ou le publier vous-même. En ce qui concerne l’auto-édition, il faut prendre du recul et se poser les bonnes questions : pourquoi choisir l’auto-édition ? Si c’est juste parce qu’on a peur de l’avis d’un éditeur, ou parce qu’on n’en trouve pas, c’est dommage. Il ne s’agit pas d’écrire un roman et de le « bazarder. » L’auto-édition est un vrai métier qui demande beaucoup de temps. Pour faire simple, les auteurs auto-édités n’écrivent pas tous les jours, il y a beaucoup de tâches annexes. C’est passionnant, mais il ne faut pas avoir peur de se relever les manches et à se relever plein de fois. On va se tromper plein de fois et il faut remonter en selle. C’est la motivation qui prime.

Tu parles beaucoup des formations que tu suis et tu donnes des conseils aux auteurs. En quoi c’est super important de se former et de se continuer de le faire ?

En début d’année dernière, j’ai commencé avec la formation « Romancier 3.0 » de Julie Huleux. C’était la première fois qu’on m’expliquait les bases de la communication. J’ai réalisé tout ce que je faisais de travers en fait. C’est évident quand on te le dit, mais quand on te le dit pas, on ne peut pas s’en rendre compte… Ça a été une prise de conscience de ma part et j’ai compris comment je pouvais évoluer et améliorer ce que je faisais. Je gaspillais mon temps à faire plein de choses qui ne m’apportaient pas forcément grand-chose ni à moi, ni à mes lecteurs. J’ai commencé à prendre goût à ça. Il y a tellement de choses à apprendre et tellement de pans du métier qu’on ne connaît pas. Soit on délègue si on peut, soit on se forme pour apprendre et se professionnaliser. Aujourd’hui, l’auto-édition est encore montrée du doigt. La seule façon de changer ça, c’est d’arriver avec un professionnalisme équivaut à celui des Maisons d’Édition.

As-tu un secret ? Tes journées font-elles 72h ? Tu écris, mais tu fais aussi ta communication, tu es graphiste de tes propres couvertures, tu fais des box à goodies… comment tu t’y retrouves ?

C’est le problème quand ton métier est ta passion, c’est difficile de décrocher. Mon mari me « calme » parfois, et me rappelle qu’il faut que je m’arrête le soir. Sinon j’aurais tendance à faire des journées non-stop et à ne plus dormir tellement j’aime ce que je fais. C’est pour ça que j’avais arrêté le blog La Plume Effrontée [son blog conseil aux auteurs]. J’ai dû arrêter et prioriser mes livres et mes lecteurs. Tout ce qui venait après, même si j’adore donner des conseils, je n’avais plus le temps. Aujourd’hui j’ai le compte @tipsauteurs, mais ça reste un plaisir bonus secondaire.

J’aimerais revenir sur une mauvaise expérience que tu as eu avec un journal. On t’avait proposé de t’interviewer sur ton succès en auto-édition et de te photographier. Finalement l’article tapait sur les auto-édités et la qualité de leurs romans. Comment as-tu vécu cette mésaventure ?

C’était le Nouvel Observateur/Nouvel Obs. J’ai été contacté par eux par e-mail pour un article sur l’auto-édition, c’est tout ce que je savais. On nous a envoyé un format Word à remplir. On a ensuite envoyé un photographe de Paris jusqu’à chez moi pour me prendre en photo, j’étais impressionnée et flattée. C’était une grosse pointure du New York Times. Quand l’article est sorti, c’était la douche froide. L’article rabâchait tout ce qu’on peut entendre sur l’auto-édition : ce n’était pas qualitatif, qu’il y avait beaucoup de sorties, qu’on vivait dans des conditions misérables, etc. Même mes informations étaient tronquées et changées ! Ils ont pondu un torchon. Aucune possibilité de retour, ni de valider le BAT (bon à tirer). On était coincés.

Ce que j’ai appris ? Toujours demander le point de vue de l’article avant d’accepter. Je ne savais pas qu’on pouvait le faire. J’étais un peu naïve, je ne me suis pas posé la question si ça allait être pour ou contre l’auto-édition. Si c’était à refaire, dans la mesure du possible je demanderais un BAT pour confirmation avant parution. C’est aussi un domaine dans lequel je connais rien et qui, dans mon métier, mériterait à être approfondi. Donc, pourquoi pas me former aux relations presse. Cela pourrait être utile afin qu’on ne manipule pas notre image.

Tu penses qu’on a toujours une mauvaise image de l’auto-édition aujourd’hui ?

Je pense que ça évolue. Pas aussi vite qu’on le voudrait, mais ça a beaucoup évolué dans les pays anglophones, ça commence en France. De plus en plus d’auteurs tentent l’auto-édition, même les auteurs hybrides [un pied dans l’édition traditionnelle et indépendante.] Ça ne tient qu’aux auteurs auto-édités de changer la donne en proposant des romans de qualité avec un travail professionnel et de qualité. C’est ce qui fera pencher la balance au final.

Un mot de la fin ?

Merci de m’avoir reçue et merci à mes lecteurs. Sans lecteurs ont est rien du tout, c’est eux qu’ils font tout !

Encore merci à Blandine P Martin pour cette interview ! Vous pouvez la retrouver sur son site internet et sur les réseaux sociaux. Ses romans auto-édités sont disponibles partout et dédicacés sur sa boutique. On se voit le mois prochain pour le prochain épisode !

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